lundi 27 octobre 2014

Le Stade (2008)

L'arène de tous les rêves...

 

Les premières fois que j'y suis allé
L'esprit intrigué, à traverser les allées
J'avais un poste comme stadier
Ce qui était bien c'est que j'entrais sans payer
J'entendais sans comprendre et je ne pouvais pas regarder
J'avais des bribes comme dans un secret mal gardé
Quelques bruits qui courent ça et là
Les cris, la huée, la bronca...

Puis j'ai fait comme tout le monde, j'ai fini par tourner la tête
Quand ça s'est su ça a été ma fête
Je n'en ai même pas eu honte, ce n'est pas quelque chose que je regrette
Ce soir là je m'étais endormi moins bête
Mieux encore, j'avais des rêves plein la tête.

Je n'étais qu'un enfant qui après la découverte a eu envie de pratique,
Et j'ai trouvé un terrain d'entente avec quelques camarades sympathiques
Il y a eu des passes des transmissions et quelques une-deux,
Complicité, complémentarité, tout l'art de jouer à deux,
J'étais plutôt défenseur, attaquer n'est pas mon trip,
On a voulu me mettre gardien, mais je ne prenais pas les choses en main,
Pas assez d'engagement, incapable de me vider les tripes,
C'est finalement sans surprise que je me suis fait virer de l'équipe.

J'ai toujours eu du mal à contrôler et je tombais dans toutes les feintes
On m'a dit "c'est pas pour toi, je ne vois pas pourquoi tu t'esquintes"
Rupture des égarements croisés, entorse de la jeunesse,
J'ai aussi lâché parce que je vois beaucoup de coeurs qui se blessent.

Mais en moi était toujours présent l'esprit du Sport
Aficionado, supporter, grand amateur, j'en voulais encore
A défaut de briller et de faire les unes,
On m'invite assez souvent dans les tribunes

On apprécie mon sens du jeu, mon sens tactique,
J'ai des talents d'observateur et une sacré logique
Et de l'expérience, à force de trainer dans le public.
Je ferais un bon consultant, quoi qu'un peu trop zelé,
Puis à terme, on finirait par voir que je suis pas si calé.

D'autres plus ambitieux s'attachent mes services
Pour que je sois leur coach, leur mentor ou leur stratège
Pour que je les échauffe les conseille ou les protège
Beaucoup de demandes, et pas forcément de la part de novices,
J'accepte sans rechigner même si je l'avoue c'est parfois un supplice
De voir quelques soeurs s'offrir mes talents sans me renvoyer l'ascenseur.

Une fois je me suis même retrouvé arbitre,
C'était un match à rebondissements et à vingt huit chapitres
Beaucoup de fautes, des simulations et pas mal de hors-jeux,
Corrompu des deux côtés je ne pouvais pas lever le drapeau,
Mais une fois arrivés aux mains, je ne pouvais plus faire de cadeau,
Cartons rouges, on a fini sur l'expulsion d'un couple de rageux.

J'ai pas mal d'entrées dans le Stade de l'Amour,
Gradins, tribunes, loges V.I.P, Présidentielle
A observer un jeu trop souvent superficiel
Des détours, des cours, des courses et des esprits qui montent dans les tours,
A rester sur le bord de la touche et élaborer de vaines tactiques
Histoire de donner au jeu un brin de fantaisie héroïque,
Quelques fois avec le sifflet à faire la Police,
Mais moi je jalouse ceux qui sont sur la pelouse,
Je n'irais pas jusqu'à convoiter la place de n°10
Sur laquelle je n'espère pas avoir ne serait ce qu'une demi ouverture.
Mais pouvoir me mêler à la mêlée, être en première ligne
Chausser les crampons, fouler du bout des doigts
La piste aux étoiles, la piste aux émois.

Car c'est sur le terrain, au milieu de toutes les ébullitions
Que l'on traverse tous les stades de l'émotion
Avoir comme tout le monde ce sourire franc et fier
Quand j'arrive dans la lumière, sortant des vestiaires,
Je ne suis pas Messi, ni Cristiano, ni Ribéry
Mais j'attends, d'avoir dans ce Stade, moi aussi, un moment de féérie.

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