vendredi 7 octobre 2022

Sobriété (J'écris ton nom) (2022)

 A la manière de "Liberté" de Paul Eluard

 
Sur mes piles de vêtements
Sur mon lave-vaisselle
Sur tous mes chargeurs
J'écris ton nom
 
Sur mes écharpes tricotées
Sur ma petite laine et mon col roulé
Et sur mes plats surgelés
J'écris ton nom
 
Sur mes ampoules basse consommation
Sur mes boites de piles
Sur la machine qui sèche mon linge
J'écris ton nom
 
Sur mes écrans à LED
Sur mon clavier d'ordinateur
Sur le thermostat des radiateurs
J'écris ton nom
 
Sur ma box et mon Wifi
Sur le bouton volume de ma chaîne Hifi
Sur mes interrupteurs
J'écris ton nom
 
Sur mon appareil à raclette
Sur ma cocotte minute
Sur la sauce des paupiettes
J'écris ton nom
 
Sur les rouleaux de PQ
Sur les paquets de pâtes
Sur le four et la casserole
J'écris ton nom
 
Sur la lampe qui s’allume
Sur la lampe qui s’éteint
Sur nos efforts réunis
J’écris ton nom
 
Sur nos carburants et nos combustibles
Sur mes alumettes et ma boite à fusible
Sur nos besoins élementaires
J'écris ton nom
 
Sur tous les boitiers
Sur toutes les bornes
Sur tous les robinets
J'écris ton nom
 
Sur nos panneaux et nos lampadaires
Sur les présentoirs et vitrines
Sur l'écriteau de la piscine
J'écris ton nom
 
Sur l'appel à la retenue
Sur nos plaisirs défendus
Sur le vent qui nous souffle dessus
J'écris ton nom
 
Sur ces petits gestes et petites mesures
Sur les inquiétudes de notre futur
Que l'on paiera en petites coupures
J'écris ton nom
 
Sur la fin de l'abondance
Sur la fin de l'insouciance
Sur l'inquiétude naissante
J'écris ton nom
 
Sur le Qatar et sur l'Ukraine
Sur l'économie toujours sereine
Sur ces refrains qui nous malmènent
J'écris ton nom
 
Sur nos crises hypocrites
Sur nos murs qui s'effritent
Sur ce monde qui va trop vite
J'écris ton nom
 
Sur les élans poétiques
Sur notre courage politique
Sur nos bilans écologiques
J'écris ton nom
 
Sur nos généreuses offrandes
Sur le rendement des dividendes
Sur les ailes des jets privés
J'écris ton nom
 
Sur les pénuries et la stagflation
Sur nos efforts sans ambition
Sur cet hiver sous haute tension
J'écris ton nom
 
Sur le lit de nos Libertés
Sur l'autel de l'Egalité
Sur l'impérieuse Fraternité
J'écris ton nom
 
Et puisque tu seras le maitre mot
D'un hiver sous le signe de la résistance
Je me plierai aux règles de ton jeu ...
SOBRIETE

mardi 2 août 2022

Je ne sais pas dire Je t'aime (2010)

 Je ne sais pas dire "Je t'aime"



Les mots d'amour, c'est pas que je ne sais pas


Pero si, para mi, necesitan otro idioma


Ce n'est pas qu'ils ne s'expriment pas


Mais le français n'est pas ma langue de coeur,


Si cierto, mi corazon siempre esta latiendo


Mon coeur bat avec un rythme latino.




L'amour n'a pas de langue


Sinon celle de nos langues emmelées


Et mes doigts pris sur tes poignets


"Ta amaba, te amo y te amaré".




El amor no tiene idioma


Sino abrazos y sensualidad,


Pas de langage si ce n'est la dérobade,


La déliquescence et l'insolence de nos aubades.




Besame, tocame, abrazame,


Fais de moi ce que tu veux


Cada vez mas, mas fuerte, mas suave...


Le temps nous rend toujours plus amoureux.




Non je ne sais pas aimer en français


Je ne sais pas comment le conjuguer,


Il hante jusqu'au fin fond de mes pensées.


C'est dans un autre dialecte que je suis subjugué.




Mon coeur parle une langue étrangère


Que vous ne comprenez peut-être pas.


Porque es en castellano que ama este mujer


Porque mi amor naci en Arequipa.


Pourquoi aimer en français ?


¿Porque amar en Francès ?


Lorsque les paroles opiacées


Me viennent dans la langue de Cervantes


Asi prefiero hablar de amor, que de parler d'amour,


C'est ainsi que je le savoure,


Avec un accent tonique sur chaque mot,


C'est ainsi mais ce n'est pas un problème,


Si en français je ne sais pas dire "je t'aime",


Solo prefiero decirlo con el corazon abierto "Te amo".

2.8.10

samedi 16 juillet 2022

La bouche (2009)

 C'est fou tout ce qu'on peut faire avec une bouche



Cet organe multifonction


Il inspire, il expire et vous touche


Pour vous transmettre la passion




Croquer la vie à pleines dents


Tel est l'un de ses passe-temps


Elle goûte pour vous la vie


Et vous transmet ses saveurs.


Pour vous elle mange et elle avale


Ces mets si fin, qui vous rassasient et vous calent.




Les lèvres éprouvent, la langue approuve,


Avec elle c'est un monde que l'on découvre


Tu l'ouvres et c'est une porte qui s'ouvre.


De là sortent quelques souffles


Et y rentrent de grandes inspirations


Quand par ailleurs tu t'essoufles


Il en sort des tornades d'expirations.




Mieux encore, au fond d'une gorge profonde


Viennent se créer d'étranges ondes


Un orgue particulier y est cachée, la voix


Trouve ici sa source et la bouche est sa voie.


C'est donc là que s'exprime l'âme


La bouche dit, sussure et clame,


S'alarme, se tait, s'interroge et s'exclame


L'orgue joue, combine les sons et les mots,


La bouche devient alors notre sortie audio.




Elle devient un vrai instrument


Quand les sons se modulent et ondulent


Avec des mélodies et des airs lancinants


Elle enchante quand elle se met au chant


Ce chant qui vous envoute ou vous dégoute.


Selon qu'on chante juste ou bien faux


Elle vous transporte si elle a un bon flot.




Croquer, manger, gouter et savourer,


Souffler, respirer, parler et chanter ...


Une langue des dents et des lèvres qui vous touchent


C'est fou tout ce qu'on peut faire avec une bouche.




Les jours de gloire ou de déboire


C'est aussi avec elle qu'on vient boire.


C'est elle qui ingurgite et s'inonde


De nos liqueurs ou autres blondes


D'ailleurs si l'on en abuse à l'excès


C'est elle qui recrache, comme l'on perce un abcès.


Un tantinet vexée c'est elle aussi qui clame les jurons ...


D'où sortent donc les gros mots quand on se farcit un gros con ?




La bouche est aussi, parce qu'il faut bien revenir au glamour


Le théâtre de nos plaisirs de velours


C'est elle qui embrasse lorsqu'on vous enlace,


Et quand l'on déguste une glace


C'est elle qui vient sucer ou lécher...


Sans doute, par le plaiser, alléchée.


De temps à autres elle fait des combat de langues


Avec une autre, elle se love et se sangle


Deux bouches qui se collent et se décollent.




C'est elle qui vient sucer ou lécher...


Par l'appel du désir alléchée...


Délices de l'oral


Voilà que je m'emballe...




Et lorsqu'elle se met en coeur


C'est pour transmettre le bonheur


La mienne vous transmet une bise


Comme l'on souffle une brise.




Croquer, goûter et savourer


Respirer, parler et chanter


Boire, s'étancher et s'épancher


Câliner, embrasser ou embraser...


C'est le carrefour du corps humain


Qui vous parle en ce refrain


Elle vous fait la bise si elle vous touche


C'est fou tout ce qu'on peut faire avec une bouche.