vendredi 27 avril 2018

Poésie infinie (2007)

La vie est une poésie infinie
Faite de vers et de revers enlacés,
Croisés, plats, embarassés ou embrassés,
Réguliers, irréguliers, en harmonie.

Pas toujours ordonnés comme l'alexandrin
Les vers de nos matins, comme ceux de nos soirs,
Se lisent dans nos coeurs, papier buvard velin
Entonnant nos rancoeurs, mais aussi nos espoirs.

Ils se délient parfois dans des cris exsangues
Qui cinglent de toute leur force et ne riment à rien
Car les mots sont parfois très dûrs, peu importe la langue
Et pèsent dans les âmes d'un poids qui fait céder les plumes
Dans un flot ininterrompu d'amertumes.

La vie est faite des vers luisants du bonheur,
Folles lucioles des amours et des douceurs,
Dessinées par les anges qui gardent nos âmes,
Décimées aussi par les démons de nos drames.

La vie est un long fleuve tranquille à l'eau d'encre
Qui se déverse dans le lit de nos mémoires
Sur des pages, des classeurs, des livres, des armoires...
Souvent pleines de ratures car elle est cancre.

La vie est une poésie infinie
Qui s'écrit en chacun de nous comme un rêve
Plus ou moins inspirée, elle est la sève
Qui coule dans les veines de nos envies.

Elle s'écrit dans l'amour comme dans la mort,
Dans l'amitié comme dans l'adversité
De la maternelle aux bancs de l'université
Des rues de Paris aux temples d'Ankhor
Dans la famille comme dans le travail,
Dans le destin comme dans nos entreprises,
Dans nos vieilles routines comme dans la surprise...

Elle coule et moi, je la bois à la paille
Je savoure les récits qu'elle me susurre
De sa voix cristalline, divine et pure.
La vie est une poésie aux parfums d'éternité
Et je me plais, du bout de mes vers, à vous la conter.

562 - 6.6.7

samedi 14 avril 2018

Qu'un livre me délivre (2005)

On m'a dit que les femmes étaient des livres
Des livres fermés que l'on ouvre avec le coeur
Qu'il faut aimer pour être le lecteur
De tous les secrets que la passion délivre

Ils seront grand ouvert pour leurs amants
Ceux qui sauront lire entre les lignes
Ecouter leur liesse et la boire comme une vigne.

J'aimerais ouvrir de préférence un roman
Dont les pages sont des fleuves de bonheur
Avec quelques remous et quelques malheurs
Estompés dans un nuage de douceur
Un roman où un arc en ciel fait briller un coeur

Un livre où chaque page est un infini torrentiel
Un livre dont les feuilles se multiplient
Un livre aussi bleu que le plus beau des ciels
Un livre aussi profond que l'est l'infini.

Une Bible en l'honneur de l'abandon absolu
Un Coran qui place l'amour sur un piédestal
Une Torah pour bénir les membranes de cristal
De mon cœur qui sera conquis et vaincu

J'aimerais bien trouver ce grimoire magique
Je le trouverai dans les bibliothèques qui s'ouvriront à moi
Il y aura bien un ouvrage dont la couverture en soie
Brillera pour m'emmener dans un conte féérique:
La danse des mille et une nuits
Où la belle ne dormira pas sans son prince charmant
Où Cendrillon ne s'évaporera pas à minuit
Où le feu sera à la fois doux et ardant.

Je finirai bien par l'ouvrir ce livre
Il sera d'encre d'or sur des pétales de roses
Et il me délivrera par sa métamorphose
En devenant l'amour qui me rendra à jamais ivre.

#325 - 12.7.5

jeudi 12 avril 2018

Vert (2001)

Je suis un vers de vair dans le vert de tes verres,
Ver solitaire perdu dans un gazon noir,
Absorbé, tourbillonnant dans un entonnoir,
Je suis piégé à cet endroit, tête à l'envers.

Cherchant l'orée d'une forêt à ciel ouvert,
Fuyant l'odeur des pins qui, dans un encensoir
Me délaisse sous son emprise du matin au soir,
Il me faut prendre la situation de revers.

Je ne sais vers où m'en aller pour me sortir
De ces globes de verre qui me tiennent otage,
Gardé tel solitaire vert serti de saphir.

Perdu dans le cœur de forêts sauvages,
Je sens ton cœur prêt à tout pour m'engloutir
Et je glisse comme pour mieux y parvenir.

#109 / 10.6.2001

mercredi 11 avril 2018

Mon nom est Vérité (2008)

...vous avez dit Femme fatale ?

Tout le monde me cherche,
Et quand on me cherche on me trouve.
Certains sans relâche vont à ma pêche
Sans parfois se douter des méfaits que je couve.

On me recherche avec les intentions les meilleures
Et les âmes les plus pures m'ont déjà dans leur cœur
Et si on me pense toujours ailleurs.
Je suis présente dans chacune de vos gouttes de sueur.

Je n'appartiens à personne et personne ne me détient
Certains me prennent en otage pour orchestrer des chantages
D'autres me revendiquent pour blanchir leur image
Alors que j'apporte souvent plus de mal que de bien.

On m'imagine souvent habillée d'un voile blanc
On m'entend parait il dans la bouche des enfants
Mais ceux qui me manipulent ont les mains tâchées de sang
Je tâche de la même façon les  coupables et les innocents.

J'aimerais être la grande copine de la justice
Mais elle me renie et prétend que je la dérange
Quand mes mots et ceux du Mensonge se mélangent
Elle me fustige dans une guerre sans armistice.

Je suis toujours pavée de bonnes intentions
Mais il faut me manipuler avec précaution
Je suis la bombe qui éteint les rumeurs
Mais il faut réfléchir à 2 fois avant d'appuyer
Sur le bouton maudit de mon détonateur.


Bombe psychologique qui fait pleurer et crier
Avant de répandre mon poison comme le cancer diffuse sa tumeur
Mieux vaut être certain de ne pas commettre une erreur.

Je peux vous raconter les plus belles choses
Comme vous faire état des pires horreurs
Mon habit de lumière n'est jamais tout bleu ni tout rose
Et personne ne m'envisage sans avoir une légère peur.
Quand on pactise avec moi c'est pour le meilleur ou pour le pire
Et il y a des sueurs froides chaque fois que j'expire,
Parce que je suis terne froide avec un teint laiteux
Et que j'ai à tout le monde, au moins une fois, brûlé les yeux.

Je suis une lame tranchante qui découpe les âmes,
Femme câline et assassine tout feux tout flamme
Je suis intéressante mais rarement tendre,
Mais en tout les cas précieuse et convoitée comme une améthyste,
Consciente que parfois il ne vaudrait mieux pas que j'existe,
Bouche toi les oreilles si tu ne veux pas m'entendre.

Si jadis on me brûlait sur un bûcher comme une païenne
C'est parce que je passe pour la pire des chiennes.
Fuis moi si je te fais mal mais il y a des chances que je revienne
Avec l'ironie qui m'accompagne d'un rire de hyène.

L'icone de la pureté, des tripes des mensonges, tâchetée
Quand je m'offre c'est nue et sans aucune absurdité
Je suis belle ou moche, peu importe ce que tu as mérité,
Je suis une femme fatale au verbe brutal ...mon nom est Vérité.

#714 - 4.6.8

lundi 9 avril 2018

Assez! (version rail) (2007)

Pour rester dans la thématique des grèves...

 Assez assez, j'en ai plus qu'assez
J'aimerai faire feu de tout bois
De mon corps gonflé de solitude
Qui gondole tant et plus d'inactivité
Une semaine que je rouille d'impatience
La candeur des secousses et des frictions
Me manque cruellement
Les reverrai je rugir et me faire vibrer
Me faire rougir avec leurs pistons cuivrés
Une semaine que je n'ai pas tremblé
J'en peux plus, c'est inerte que je crève
Une semaine que je ne frémis plus
Mon royaume pour qu'on me passe dessus
Je suis un rail qui déraille, j'en peux plus de la grève !

#641 - 21.11.7

 

samedi 7 avril 2018

Poète en grève (2003)

N'attendez pas votre quatrain quotidien,
Ma plume mécontente veut protester.
Elle, si douce d'habitude, veut riposter
Contre l'infortune et défendre tout le bien
Qu'elle prodigue, la lumière qu'elle devient.

N'attendez pas mes vers luisants de toute beauté,
Il n'y aura qu'un cri contre la société:
Un silence contre ceux qui s'écrient pour rien.

N'attendez pas que ma plume vous transporte,
Comme le train ou l'avion, elle reste à quai.
Mes mots se perdraient dans un mystérieux hoquet
Où s'étouffera tout message qu'ils colportent.

Mes rimes seront plates, mes strophes brèves.
Je garantirai un service minimum
Dans le silence des bulles de l'aquarium.
Pas de grande poésie, je suis en grève.

(c) YonL - 8.6.3